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contacter l'auteur envoyer à un ami 22 août 2008 assistante de vie : tant de choses à dire ... âgée de 55 ans, j'exerce le métier d'assistante de vie (niveau 2 et 3) depuis 1989. pour la première fois depuis cette date, je suis dans le doute, dans l'interrogation, dans l'inquiétude... sans travail (mis à part des cdd) depuis le 07 mai 2008, suite au décès de mon employeur que j'ai - que nous avons " accompagné - durant 8 ans, je ne me reconnais pas dans les offres d'emploi, dans les missions proposées par les associations. je ne reconnais pas ce métier, certes difficile, parfois ingrat, contraignant, mais combien enrichissant, passionnant, humain... depuis 1989, j'ai accompagné des personnes en phase terminale de cancer, des personnes atteintes de la maladie de parkinson, et, en grande majorité (hélas !) des patients atteints de la maladie d'alzheimer. pourquoi ce blog ? parce que je refuse que mon travail se résume à " l'aide aux actes de la vie quotidienne ", à " l'aide à la toilette ", à " l'entretien courant du lieu de vie "... il est bien autre chose : il doit contribuer à rendre un peu de joie, de bien-être, de vie sociale et personnelle à ceux et celles frappés par des maladies qui, peu à peu , les privent de leur autonomie, de leur passé mais aussi de leur présent... chaque accompagnement est différent, chaque patient est différent, nous devons nous adapter à chacun d'entre eux, savoir écouter et entendre chacun d'entre eux... savoir aussi écouter et entendre les demandes et la détresse des familles qui sont bien seules - sur tous les plans - pour faire face, pour décider de la prise en charge, pour organiser - et financer- ce que représente le maintien à domicile d'un proche dépendant. le vide se fait autour de nos patients et de leur famille : plus de visites, plus de coups de téléphone, plus de liens sociaux, il ne leur reste plus que quelques souvenirs lointains... du rire aux larmes rien de cela n'a sa place dans un cv : je peux énumérer " toutes les missions " qu'il m'a été donné de remplir. je peux y écrire - justement - que je sais faire le ménage, les courses, préparer des repas équilibrés, faire une toilette - sous la douche, assise ou au lit- que je sais gérer un budget etc, etc... mais dans un cv, est-il possible d'exprimer la disponibilité pour s'ouvrir à l'autre, quel qu'il soit, quelque soit son handicap ? peut-on évoquer la qualité d'écoute nécessaire pour recevoir et donner ? ce métier n'est qu'échanges et ne porte ses fruits que dans la confiance et le respect partagés. a mon sens, l'essentiel de notre travail, est de redonner confiance à nos patients, à leur proches, redonner le sourire, savoir créer des espaces de repos, de répit, de mieux-être, des espaces où l'affectivité est présente, perceptible, sensible. cv jasmin les tâches ménagères ? elles sont indispensables, nécessaires mais elles doivent être accomplies dans le même état d'esprit, être porteuses du même message, témoigner du même respect de la personne accompagnée. ce ne sont pas des " corvées " à faire de mauvaise grâce, elles ne sont pas dégradantes, elles ne sont ni secondaires ni primordiales : elles s'intègrent à un tout : elles doivent permettre aux patients de vivre dans le cadre qu'ils ont choisi, de la façon qu'ils ont choisie. c 'est leur conception de leur environnement qui doit être respectée et maintenue. tant de choses à dire sur ce travail, sur son organisation, sur sa perception, sur sa non-reconnaissance sociale. google+ posté par timia à 09:51 - auxiliaire de vie sociale - commentaires [11] - permalien [ # ] tags : accompagnement , actes de la vie quotidienne , assistante de vie , autonomie , auxiliaire de vie , cancer , confiance , cv , deavs , détresse , handicap , maladie d'alzheimer , respect , échange , écoute 24 août 2008 assitante de vie : comment je le suis devenue tout naturellement, presque par inadvertance, en 1989, un ami m'a demandé si je pouvais "dépanner" un couple de ses amis, en l'attente d'une solution plus stable... j'ai alors découvert, pas à pas, l'attention portée à une malade en fin de vie, l'importance de la qualité de l'écoute. j'ai compris que la souffrance n'éteint pas le rire, qu'une fleur offerte est plus importante que mille phrases convenues, que les liens se tissent doucement, sans efforts quand les gestes du quotidien sont accomplis avec générosité et compréhension... que la confiance s'établit lorsque l'on veut, très profondément, très sincèrement, s'en montrer digne. qu'il est beaucoup plus difficile de faire apparaître un sourire que de " faire la vaisselle " , qu'il est beaucoup plus difficile d'apaiser les angoisses, les inquiétudes que de " faire le ménage ". je suis donc restée auprès d'elle jusqu'à la fin, et j'ai voulu continuer sur cette voie, continuer à donner à chaque geste du quotidien un autre sens, une autre raison d'être, une autre dimension. dans notre métier, c'est le sens que nous donnons à nos actes qui est premier, essentiel : les mots ne sont plus signifiants, les repères sont autres. " faire la toilette ", n'est pas seulement rendre propre un corps : c'est un moment privilégié de la relation, un instant de détente, de confiance partagée, de douceur et d'abandon. bientraitance pour tous posté par timia à 16:53 - auxiliaire de vie sociale - commentaires [1] - permalien [ # ] tags : actes de la vie quotidienne , angoisse , apaisement , compréhension , confiance , deavs , douceur , fin de vie , générosité , malade , maladie d'alzheimer , partage , peintre , repères , rire , sens , toilette , écoute 26 août 2008 assistante de vie : parcours professionnel donc, dès 1989, je me suis présentée à la responsable d'une association d'aide à domicile : depuis, je n'ai cessé de travailler... et d'y croire ... missions plus ou moins longues, plus ou moins difficiles. chaque patient est particulier, chaque situation est singulière ... parenthèse enfantine et combien heureuse !!! décembre 1993 - février 1996 j'ai été employée à temps complet chez des particuliers en tant que femme de ménage et "nounou", d'un bébé que j'ai eu le bonheur de voir devenir petit garçon : j'ai toujours un souvenir ém u de ses premiers pas, de l'apprentissage de la propreté, de son visage souriant et malicieux... de sa vive intelligence aussi, de sa précocité... amghar : le vieux, le chef le dernier accompagnement auquel j'ai contribué : de mai 1999 à mai 2008 un peu plus de huit ans... j''ai commencé "cette mission" alors que la patiente, qui venait de recevoir le diagnostic tant redouté de maladie d'alzheimer était encore partiellement autonome et nous sommes restées (pour certaines d'entre nous) à ses côtés jusqu'au dernier moment ... nous avons donc dû nous adapter à chaque étape de l'évolution de la maladie : nous avons parcouru le chemin qui va d'une autonomie partielle à la perte totale de la parole et de la mobilité, à la dépendance absolue. dans un premier temps, mon rôle essentiel était de lui permettre de continuer à vivre "le plus normalement possible" : aller au cinéma, assister aux expositions de peinture, continuer à jouer au bridge avec ses amis, se promener dans ses lieux favoris, garder le lien avec son passé, rester en relation avec le monde extérieur ... le plus difficile était de ne pas la laisser être submergée par ses angoisses, sa peur, ses doutes... de la réconforter et de lui offrir des instants de paix -ou d'apaisement - des moments de complicité, de détente... odilon redon puis les forces ont progressivement diminué, la perte d'autonomie est devenue totale, les centres d'intérêts ont disparu un à un, la parole s'est éteinte... nous avons appris à déchiffrer le regard, à interpréter les gestes, à décrypter les signes ... les yeux ont presque toujours gardé leur expressivité, le visage traduit les humeurs.. nous nous connaissions bien, il y a toujours eu communication... s'il y a eu des "moments d'absence " , des moments où nous la pensions "ailleurs", toujours il y a eu aussi des moments de présence